vendredi 1 février 2013

Une pensée pour la planète des oiseaux






Notre belle planète bleue est vaste et elle porte en elle tout ce qu'il faut pour que la vie y règne en maîtresse absolue. Les couches atmosphériques qui nous protègent des rayons potentiellement néfastes du soleil en plus d'assurer une température constante et viable, l’air respirable indispensable à la vie telle qu’on la connaît, l’eau potable et les différents habitats forment toutes des conditions gagnantes qui permettent l’éclosion d’une variété infinie d’êtres vivants. Depuis des millénaires, la terre effectue des rotations sur elle-même et autour du soleil. Elle provoque les saisons en s'inclinant légèrement et en offrant un angle différent aux rayons du soleil. Les êtres vivants qui l'habitent ont appris à s'adapter aux éléments adverses, car ces éléments habituellement cycliques, ont induit par leur prévisibilité des comportements qui se sont inscrits dans leurs gênes. Dans des parties très arides du monde, soumises à des périodes de sécheresse pouvant s'étendre sur quelques années, les graines de certains végétaux peuvent entrer dans une léthargie d'où elles ne sortiront qu'après la première pluie. De l’endroit où tout semblait mort quelques minutes auparavant, et depuis même des années dans certains cas, une fleur surgit, s’épanouit et assure la pérennité de l'espèce en produisant à son tour une graine qui perpétuera la vie. Une fois desséchée, elle contribuera par sa mort à nourrir d'autres êtres vivants.


Que ce soit en Afrique ou en Amérique, des millions de mammifères entreprennent à tous les ans des migrations au cours desquelles ils couvriront des distances énormes et affronteront mille dangers. Comme la petite plante du désert, ils obéissent à un rituel immémorial. Ils ne se posent pas la question à savoir si ce qu'ils font est bien ou non, ils agissent par instinct de survie.

De la même façon, les oiseaux transmettent via leurs gênes des comportements qui obéissent à leur besoin de survie. Les migrations printanières et automnales ont lieu à cause des saisons bien sûr, mais c'est le manque de nourriture qui dicte la loi et non seulement les conditions climatiques. Il arrive à l'occasion qu'un individu d'une espèce habituellement migratrice passe l'hiver au Québec malgré les dures conditions hivernales. Il réussira à le faire à condition de trouver la nourriture nécessaire et ce, avec le moins de dépenses caloriques possible. De tous les êtres vivants affublés de poumons, les oiseaux sont ceux qui parcourent les plus grandes distances entre leurs lieux de reproduction et leurs lieux d'hivernage. Plus le trajet est long et plus il y a nécessité pour l'oiseau de faire des arrêts stratégiques pour refaire le plein d'énergie.

Femme surveillant son troupeau  près de Saraguro, Équateur, 05/12/2010
Le problème majeur rencontré par les oiseaux réside dans le fait que les habitats sont de plus en plus détruits autour de la planète pour faire place à la monoculture, à l'élevage d'animaux pour la boucherie ou au développement domiciliaire. Là où se trouvait depuis des siècles un marécage accueillant pour les migrateurs, s'érigent maintenant une série de condominiums ultramodernes. Là où s'élevaient des grandes forêts pour abriter et nourrir les oiseaux dans leurs lieux d'hivernage, s’étendent maintenant des champs où on cultive le café, la canne à sucre ou tout autre produit pour la consommation humaine. Les palétuviers sont détruits pour étirer les plages des complexes touristiques. En Jamaïque, on exploite des mines de bauxite dans le Cockpit Country, une zone qui abrite plusieurs endémiques. Au Kenya, il faut se rendre dans la région de Kakamega, au nord est du Lac Victoria, si on veut retrouver une zone de forêt tropicale humide dans ce pays africain. Cette forêt est en fait le prolongement de celle de l’Uganda. En Afrique du Sud, des centaines de kilomètres séparent les quelques forêts originales qui restent. Les autres forêts sont des plantations mono typiques constituées d'eucalyptus ou de conifères. Sur la côte atlantique du Brésil, il ne subsiste que 7% de la superficie de la forêt originale. En Thaïlande, depuis les 40 dernières années, ce sont 70% des forêts qui ont disparu, toujours à cause des mêmes raisons qui prévalent sur les autres continents. L’homme crée des déserts écologiques partout sur le globe.

 

La planète des oiseaux se dépouille lentement des habitats essentiels à ces derniers pour se nourrir et pour se reproduire. Rien de surprenant d’apprendre que les effectifs de population chez certaines espèces d’oiseaux ont chuté de 50% à 90% au cours des 40 dernières années.


La forêt boréale au nord du Québec est un haut lieu de reproduction pour plusieurs espèces de parulines nord-américaines et pour d'autres espèces d'oiseaux. Photo prise en juin 2011 au nord du réservoir Gouin.
 
Dès que l'on quitte les routes principales et que l'on pénètre dans l'arrière-pays, nous découvrons des habitats détruits qui prendront de longues décennies à s'en remettre. Photo prise en juin 2011 au nord du réservoir Gouin.


Quand comprendrons-nous que la planète se meurt et que tous les êtres vivants qui l'habitent, l'homme y compris, sont en sursis ?  Les dernières décennies ont vu se détériorer et même disparaître des habitats indispensables au maintien d'un équilibre écologique obtenu après des millénaires d'adaptation. Des populations animales et végétales font face à un avenir très précaire et les prochaines décennies n'augurent pas très bien. Il est temps plus que jamais d'agripper nos jumelles, notre carnet de notes, notre caméra et de sortir dehors pour savourer toutes ces couleurs, tous ces sons et toute cette vie que ces petites boules emplumées apportent à la nature.


Pierre Bannon photographie un Fou à pattes bleues / Sula nebouxii excisa / Blue-footed Booby sur son nid. Photo prise sur l'Île de Genovesa, aux Galapagos, le 8 août 2000 par Laval Roy.




 Je pense à ma petite-fille Éloïse qui n’a que deux ans et je m’attriste pour elle en pensant qu’elle ne connaîtra jamais une nature aussi riche et aussi variée que celle que sa mère, Anne Marie, a eu la chance de connaître toute jeune lorsqu’elle nous accompagnait lors de nos voyages d’exploration dans les trois Amériques et en Espagne. Je lui dédie ce coucher de soleil pris à partir de la plage de Nosy Ve, à Madagascar.





Dans quelques jours, je pars pour la Thaïlande où je passerai le reste du mois de février. Je ne manquerai pas de vous en reparler en mars.

À bientôt...





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